Affaire Benalla : "Les gens, est-ce qu'ils parlent de ça ?" On a répondu à la question que se pose Emmanuel Macron
Depuis mercredi 18 juillet, "l'affaire Benalla" fait la une de la presse, des sites et des chaînes d'info. Pourtant, Emmanuel Macron et certains membres du gouvernement affirment que l'affaire "n'intéresse pas les Français".
Révélations, auditions, déclarations... Chaque jour apporte son rebondissement dans l'affaire Alexandre Benalla. Si le feuilleton médiatique gonfle d'heure en heure, plusieurs députés de la majorité ainsi que des membres du gouvernement comme Marlène Schiappa, affirment que les Français n'affichent pas un grand d'intérêt pour l'affaire. "Les gens, est-ce qu'ils parlent de ça ?", a même interrogé Emmanuel Macron face aux journalistes de CNews, mercredi 25 juillet, lors d'un déplacement à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). La réponse est oui, et plutôt trois fois qu'une.
Plus de 3 millions de tweets en une semaine
En huit jours, 3 051 609 tweets ont été publiés par 203 858 internautes, déclare à franceinfo Visibrain, plateforme de veille des réseaux sociaux. À titre de comparaison, environ 500 000 tweets avaient été publiés, une semaine après le début de l'affaire Fillon, à quelques mois de la présidentielle de 2017.
La plateforme note qu'Emmanuel Macron et son gouvernement sont directement pris à partie sur les réseaux sociaux puisqu'un tiers des messages publiés sur l'affaire interpellent directement le président de la République. De son côté, le spécialiste de l’étude des réseaux sociaux Nicolas Vanderbiest précisait, le 23 juillet, sur son blog que "le volume déployé est tout simplement gigantesque puisque 1,5 million de tweets [autour de Benalla] [ont] été échangé[s] en moins d’une semaine. À titre de comparaison, #MeToo, #BalanceTonPorc et #JeSuisCharlie sont inférieurs".
Un fort engagement sur Facebook
"Ça fait le buzz sur Twitter, le réseau social du microcosme parisien, mais sur Facebook, où sont tous les Français, ça ne prend pas plus que ça", a avancé un collaborateur du Premier ministre, Edouard Phillipe, auprès du Parisien, samedi 21 juillet.
Là encore, l'argument résiste mal aux chiffres. Certes, sur Facebook, les données exhaustives restent délicates à avoir. S'il est possible, en effet, de quantifier les messages partagés publiquement sur la plateforme, 20 266 posts dans le cas de l'affaire Benalla, une grande partie des posts privés ne peuvent être pris en compte.
Toutefois, d'après des données SocialBakers, qui analyse les réseaux sociaux, la page Facebook du Monde.fr a enregistré une augmentation de 67% des interactions – likes, commentaires, partages – sur les contenus, portés particulièrement par l'affaire Benalla. Ce qui a d'ailleurs permis de dépasser le niveau d'interactions enregistrées le soir et le lendemain de la Coupe du monde. Et sur la page Facebook du Parisien, celles-ci ont augmenté de 57% depuis le début de l'affaire Benalla, par rapport au niveau moyen de la page.
Des recherches en forte en hausse sur Google
Mais l'intérêt des Français dépasse le simple cadre des réseaux sociaux. Ainsi, sur Google, les recherches autour du terme "Benalla" dans la catégorie "Actualités" rattrapent presque celles opérées sur "Coupe du monde" réalisées le soir de la finale. Et le 18 juillet, jour des révélations du Monde, la recherche "Alexandre Benalla" était largement en tête avec plus de 500 000 recherches – 10 fois plus que l'accident mortel de l'A7, deuxième actualité du jour.
Des records d'audience pour BFMTV, franceinfo et LCP
Invitée sur le plateau de franceinfo, mercredi 25 juillet, la secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a estimé que l'affaire Benalla "n'est pas un sujet qui les [les gens] intéresse", ajoutant qu'elle n'était "pas une obsession de la part des Françaises et des Français".
Affaire Benalla : "Les gens, au marché, dans les parcs, dans la rue, (...) ce n'est pas un sujet qui les intéresse", explique Marlène Schiappa, qui ajoute que "ce n'est pas une obsession" pic.twitter.com/mLBQYCR5Pw
— franceinfo (@franceinfo) 25 juillet 2018
Pourtant, les audiences contredisent cette analyse. L'audition du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a réuni 597 000 téléspectateurs en moyenne sur BFMTV, lundi 23 juillet de 10h05 à 12h27. Avec 11% de part d'audience, la chaîne était, à ce moment, la troisième chaîne la plus regardée de France. Au même moment, LCP était regardée par 3% des téléspectateurs : un record pour ce type de réunion parlementaire.
L'audition du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, dans l'après-midi, a concentré 482 000 téléspectateurs en moyenne sur BFMTV, soit 6,3% de part d'audience tandis que celle d'Alain Gibelin, le directeur de l'ordre public et de la circulation, a attiré 232 000 téléspectateurs sur LCP (soit 1,3% de PDA). De son côté, Franceinfo a signé un record d'audience avec 0,6% de part d'audience sur la journée, une première depuis son lancement.
80% des Français choqués par l'affaire, selon un sondage
Depuis les premières révélations, Emmanuel Macron tente de minimiser l'impact de l'affaire Benalla. Après s'être interrogé, sur l'intérêt des Français devant les caméras de CNews, le chef de l'Etat a estimé qu'il s'agissait "d'une tempête dans un verre d'eau". Pourtant, un premier sondage* réalisé par Elabe pour BFMTV, publié la veille, donne des résultats bien différents : 80% des Français se disent choqués par l'affaire, dont 49% "très choqués". Seuls, 20% des Français jugent que l'affaire n'est pas choquante. Pire, 73% des personnes interrogées assurent que l'affaire a un impact "négatif" sur l'image qu'ils ont du président de la République.
Selon un sondage OpinionWay** publié par LCI, publié le lendemain, 59% des Français jugent que l'affaire Benalla revêt bel et bien le caractère d'une affaire d'Etat, 72% assurent que l'affaire Benalla est "grave". Seuls 21% des sondés estiment qu'elle n'est pas grave tandis que 7% n'en ont pas du tout entendu parlé.
Malgré les dénégations de l'exécutif, un dernier sondage a retenu l'attention des proches d'Emmanuel Macron. Une étude réalisée pour Le Point, mardi 24 juillet, révèle que le président de la République a perdu quatre points d'opinions favorables à 32%, ce qui n'était pas arrivé depuis septembre 2017. Au même moment, il atteint 60% d'opinions défavorables, un record d'impopularité rapporte l'institut de sondage.
* Enquête réalisée en ligne les 23 et 24 juillet auprès de 983 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points
** Enquête réalisée en ligne du 24 au 25 juillet auprès de 1 008 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points
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